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PREMIERE
PARTIE
1
Hermione
Fields
La pleine lune inondait la chambre de rayons
blafards. Minuit, tel un vampire sortant d’un cercueil, Hermione se redressa
dans le lit. Son cœur battait la chamade. Elle posa la main sur la table de
nuit, tâtonna la surface à la recherche de la poire de la lampe. Elle voulait
fuir la vision des visages blancs de son cauchemar. Ouf ! Enfin de la
lumière ! Les fantômes s’évanouissaient et son pouls reprenait un rythme
normal.
Hermione était une jeune femme brune,
aux cheveux coupés en carré long, le visage éclairé par des yeux bleus azur. Un
corps svelte et bien proportionné la rendait jolie et agréable à regarder. Elle
aurait pu être mannequin avec sa taille dépassant le mètre soixante dix. Son
seul handicap, et pas des moindres, était son excessive timidité.
Mariée jeune à un homme devenu très
vite violent et infidèle, après quinze mois, elle demanda le divorce.
Heureusement aucun enfant n’était apparu lors de leur mésaventure conjugale.
Les songes étranges, difficiles à gérer, se succédaient depuis cette
séparation, du moins le croyait-elle car elle n’avait pas d’autre explication.
La bataille des avocats dura trois
ans en raison des absences répétées de son mari lors de la procédure. Elle y
laissa des plumes, tant sur le plan financier que moral. Cette période
détruisit entièrement sa confiance en elle et les hommes.
Employée dans une compagnie
d’assurances, elle avait du mal à se reconstruire. Elle était entourée d’agents
masculins et elle supportait mal leurs bavardages dragueurs. Même le patron de
l’agence la trouvait à son goût et ne manquait jamais de l’agacer. Cela la
mettait mal à l’aise. Elle projetait de démissionner mais pas avant d’avoir
trouvé un autre emploi. Le loyer de son appartement du centre-ville représentait la moitié de son salaire. Les fins de mois
étaient difficiles quand tombaient les factures du Trésor Public, de
l’électricité et de l’eau.
Elle avait arrêté ses études au
baccalauréat technique pour se marier. Elle aimerait trouver une place dans une
banque ou un organisme financier. Elle était sûre de ses capacités mais bien se
« vendre » était une toute autre histoire. La timidité restreignait
son champ d’action. Un autre détail la chiffonnait : Hermione, comme sorti d’une pièce de Racine, n’était pas un prénom
qui se fondait aisément dans le paysage contemporain ! Pourtant le
personnage fictif de la romancière JK Rolling dans la pièce Harry Potter datait
de 1979, à peine 40 ans, donc pas si vieillot.
Grégoire, son ex-mari, au début de
leur rencontre ainsi que la première année de leur mariage, aimait cette
singularité jusqu’à ce qu’il trouve plus d’attrait aux prénoms d’autres femmes.
Hermione devint une tare et sujette à
quolibets : tes parents t’ont donné
un prénom à la hauteur de leur suffisance ou Tu n’es qu’une enfant gâtée, surprotégée par son père alors que tu n’es
bonne à rien. ». Un jour il ponctua le leitmotiv des injures par un
coup de poing violent sur le nez. Hermione chancela et se retint de justesse à
la table de la cuisine. Réfractaire à la brutalité sous toutes ses formes, elle
n’attendit pas la récidive et décida de partir sur le champ. Il voulut l’en
empêcher mais elle saisit un couteau et le menaça. Ce regain d’énergie
déstabilisa Grégoire qui sortit en claquant la porte. Comment osait-il dire
qu’elle était sous la protection exagérée de son père ? Elle n’avait pas
de bons souvenirs de son adolescence puisqu’elle s’était mariée jeune pour
quitter le foyer familial !
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