mardi 28 janvier 2020

Federico Garcia Lorca : Si mes mains pouvaient effeuiller


Si mes mains pouvaient effeuiller

Je prononce ton nom
Au coeur des nuits obscures,
Lorsque viennent les astres
Boire à l'eau de la lune
Et que dorment les feuilles
Des secrètes ramures.
Je me sens tout sonore
De passion, de musique,
Folle horloge qui chante
Les heures de jadis.
Je prononce ton nom
En cette nuit obscure
Et je l'entends sonner
Plus lointain que jamais,
Plus lointain que toutes les étoiles,
Et plus plaintif que le bruit de la pluie.
Pourrai-je un jour t'aimer
Comme je fis naguère ?
Mon coeur, où est la faute ?
Si le brouillard s'éclaire,
Aurai-je une nouvelle
Passion, tranquille et pure ?
Ah, si mes doigts pouvaient
Vous effeuiller, ô lune.

(10 novembre 1919 à Grenade)
Federico Garcia Lorca

mercredi 15 janvier 2020

La Nouvelle Année


Avec la nouvelle année
Beaucoup de résolutions 
Chacun y va de son souhait
avec moult argumentations.
Je suis fière d'en avec qu'une :
De n'avoir pas de résolution.
Je ne bois pas, je ne fume pas
alors mon souhait est la santé.
Il y a tant d'imprévus dans la vie
Faire face aux divers problèmes
Sera assez difficile à réaliser
J'y réussirai avec de la volonté.
Pas le luxe de se laisser aller.

Violette W-R le 15 janvier de l'an 2020

mardi 14 janvier 2020

Federico Garcia Lorca : L'ombre de mon âme

*

L'ombre de mon âme

L'ombre de mon âme
s'enfuit dans un couchant d'alphabets,
Brouillard de livres
Et de paroles.

l'ombre de mon âme !
J'ai atteint la ligne où cesse
La nostalgie,
Où se fige la goutte des larmes
Albâtre de l'esprit.

Le flocon de la peine s'efface
Mais en moi demeure, substance et motif
Un ancien midi de lèvres,
Un ancien midi de regards

Un trouble labyrinthe
D'études obscures
S'enlace à mes regrets
Presque fanés.

L'ombre de mon âme !

Une hallucination
Aspire mes regards.
Je vois le mot amour
Qui se délabre.

Rossignol!
Mon rossignol!
Chantes-tu toujours ?

(Federico Garcia Lorca Poésies 1 - 1921-1922)