vendredi 23 mai 2014

Une sordide fureur de vivre 3 - Quinze ans plus tôt


Les épisodes précédent  :



3

Quinze ans plus tôt


          Une fillette de cinq ans, toujours gaie, riait aux éclats tandis que sa maman poussait la balançoire.  Le portique au milieu de la pelouse entourée de rosiers odorants trônait dans un paradis de fleurs. Le ciel sans nuage, sans tonnerre était complice des jeux de Lucie. La coquette maisonnette en bois au fond du jardin était son lieu favori. Après dix ans de mariage, ses parents commençaient à désespérer puis arriva le miracle. Rien ne fut trop beau pour la petite princesse. N’ayant jamais connu sa grand-mère elle avait reporté toute son affection sur son « Papinou ».


           Toute la famille vivait alors aux Etats-Unis. Puis, une mutation se pointa à l’horizon pour son père. Il fut envoyé en France, leur pays d’origine. Nicky quitta son emploi de professeur de français pour suivre son mari en Europe
.
          Après un mois à l’hôtel en région parisienne, le mobilier au garde-meubles, Papinou trouva un pavillon avec une piscine à Ferolles en Seine et Marne. Le coin était tranquille et ils pouvaient tous cohabiter avec le patriarche car la villa était immense. Damien nommait son beau-père ainsi car il était à la tête des finances. Ils emménagèrent donc le mardi suivant l’achat définitif. Quel bonheur de retrouver leurs meubles, leurs lits  et leurs objets personnels ! Lucie apprit à nager mais son plus grand plaisir venait des moments à regarder les étoiles à l’aide du télescope de son Papinou. Ce dernier féru d’astronomie, lui racontait des fables de divinités célestes habitant l’Empyrée, un royaume imaginaire et mystérieux où les méchants n’existaient pas ou alors étaient envoyés en enfer. Une vague de tendresse envahissait la petite qui l’écoutait religieusement. Elle se retrouvait au septième ciel !

          Puis un jour Lucie demanda à ses parents un petit-frère. L’atmosphère se chargea d’électricité. La fillette oublia très vite ce désir, les amies d’école suffisaient à son bonheur, du moins le croyaient ses parents avec soulagement.

          Lorsque Lucie devint une adorable adolescente de quinze ans, elle reposa la question à ses parents. Elle en avait marre d’être fille unique. La tempête s’abattit alors sur leur vie d’azur. Papinou semblait gêné… Qu’avait d’extraordinaire sa question ? Nicky expliqua tant bien que mal qu’à quarante ans c’était risqué, tant pour elle que pour l’enfant. Lucie n’en fut pas convaincue du tout ! Nicky pensait que ce désir d’autrefois gisait sous la feuillée des années passées, hélas…

          La nuit même, Lucie descendit dans la cuisine pour se servir un verre de lait quand elle entendit des murmures venant de la chambre de ses parents. Elle colla son oreille à la porte et écouta. Sa mère était très nerveuse :

          « Lucie ne va pas abandonner cette fois. Petite, nous pouvions éluder ses questions mais maintenant… »

          Son père plutôt agressif :

          « Que voudrais-tu lui dire ? Que tu n’as jamais été enceinte d’elle ? Comment crois-tu qu’elle va réagir à cette nouvelle ?»

          « Damien peu importe, c’est notre fille même si une autre l’a portée…. »

          Lucie avait le souffle coupée. Elle se laissa glisser au sol… Son père continuait :

          « Que crois-tu qu’elle pensera si tu lui avoues que tu ne pouvais mener une grossesse à terme et que ma semence a été implantée dans l’utérus d’une parfaite inconnue à Las Vegas ? »

          « Ta semence ? Officiellement oui mais tu sais parfaitement que ce n’est pas le cas… Les relations de mon père t’ont quand même bien aidé ! »

          Lucie en avait assez entendu. Elle n’était la fille de personne, juste un résidu d’éprouvette ! Elle ne parvenait à y croire !  Son existence embellie par tant de moments heureux n’était qu’illusion ! Même son Papinou n’était rien pour elle ! Tout son univers s'écroulait! Ils lui avaient tous menti. Elle téléphona à son petit copain, jeta quelques vêtements dans son sac de sport,  prit deux cents euros dans le portefeuille de son père et quitta silencieusement la maison….

A suivre


Les mots imposés :
Mardi, nuage, mari, enfer, empyrée, céleste, horizon, lit, paradis, tempête, embellie, azur, atmosphère, étoile, tonnerre, mystérieux, septième, coin, vague, festoyer, feuillée, fable.

7 commentaires:

  1. Un come back réussi qui donne quelques pistes d'interprétation....

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    1. oui cela donne le choix mais je sais maintenant où je vais. Il restera à composer avec les mots.
      Merci de ta visite

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  2. Une suite glaçante et sidérante.
    D'un autre côté, je n'ai jamais eu de désir de petit frère, être fille unique m'a toujours parfaitement convenu !

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    1. J'avoue qu'avec le temps cela m'aurait plu d'être fille unique...
      Bisous

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  3. Je ne dis rien... si ce n'est que les parents auraient gagné à être plus discrets, ou à assimiler vraiment le fait que Lucie est leur fille, non le fruit d'une mère porteuse.

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    1. Tout à fait d'accord avec toi. Pourquoi en parler ? Ou alors l'expliquer avec amour.

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  4. pourquoi ne pas avoir révéler ce fait de vie à l'enfant quand elle était en âge de comprendre dans la vie on arrive tjs à tout savoir

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