lundi 25 janvier 2016

Vocabulaire, orthographe et grammaire n°3


Au jour d'aujourd'hui

          Cette formule a le vent en poupe, alors qu'il s'agit d'un pléonasme. Pour parler de la journée présente ou de celle que l'on évoque, au lieu de répéter inutilement des mots ayant le même sens, il est préférable de dire :

Aujourd'hui, 
Ce jour, 
ou ce jour d'hui.

Violette W-R le 25 janvier de l'an 2016
(texte tiré d'un agenda)

Atelier d'écriture n°206 chez Leiloona


© Kot(images)
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Pas besoin de lunettes pour lire les gros titres du quotidien
Mauvaises nouvelles grouillent, et très peu le bon et le bien.
La tête protégée, le col ouvert, un décontracté contradictoire
Une veste sombre, consulterait-il les articles nécrologiques ?
Ou tout simplement un emploi pour chasser son désespoir?
Dans mes folles suppositions y a t-il une quelconque logique?
Peut-être oui, ou bien non, tout est toujours sujet à question.

Violette W-R le 25 janvier de l'an 2016

jeudi 21 janvier 2016

Vocabulaire, orthographe et grammaire n°2


          Voici une faute de français extrêmement fréquente : la confusion de genre affectant le mot "espèce" dès lors que celui-ci est suivi d'un nom masculin.

          "Espèce" est un mot du genre féminin, quel que soit celui de son complément.

Deux exemples :

- Quelle espèce de malotru!
- Cette espèce d'idiot

Violette W-R le 21 janvier de l'an 2016
(tiré de mon almanach 2016)

lundi 18 janvier 2016

Adieu Carl

envoyer bouquet rond blanc pour deuil pas cher


Un grand moment de tristesse et de mélancolie
Pour un homme bien trop tôt disparu
Quand les derniers jours sont venus
Nous sommes impuissants devant le destin
Que dire à la famille éplorée ?
Rien, juste participer à la peine.
Adieu Carl, soit heureux dans cet ailleurs.


Violette W-R le 18 janvier 2016

Atelier d'écriture N°205 chez Leiloona

© Vincent Héquet


Quelle étrange et douloureuse impression
Quand sur cette image je fixe mon attention,
Un désert, un abandon, des vies en absence.
J'imagine, je ne rêve point hélas, je pense
Tout est si aléatoire, totalement vide de sens
Un immeuble sans luxe, pas même le nécessaire
Des fenêtres délabrées, appartements désertés ?
Engrenage infernal des pensées, des questions
Et finalement un silence, peur de savoir.

Violette W-R le 18 janvier de l'an 2016

dimanche 17 janvier 2016

Gaspard de la nuit 5


Lettre V
de Aloysius Bertrand à David d'Anger


Hôpital Necker, 19 avril 1841.

Mon cher David, mon bienfaiteur,

          Nous reverrons-nous ? Je suis dans une crise que je crois la dernière. Vivez de long jours et soyez heureux !

          Renduel m’a donné pour Gaspard de la Nuit, je ne sais plus à quel titre, sans doute comme prix de la première édition, et comme prix du manuscrit, la somme de cent cinquante ou soixante francs. Il faut une déclaration de lui qu’il ne réclame rien, ou ne réclamera rien plus tard. Craignons le coup du coupe-jarret.

          Ce manuscrit ensuite, je dois vous le déclarer est un vrai fouillis. Renduel m’y faisait faire tant de changements. Il est tout à fait provisoire, et devrait être rangé et revu d’avance, feuille par feuille d’impression. C’est donc une œuvre en déshabillé dont mon amour-propre (il est si grand dans les barbouilleurs de papier !) ne pourrait souffrir qu’on examinât les nombreuses imperfections, lacunes, etc., avant que je ne l’eusse remis dans ses habits décents. Si je vis dans huit jours, faites-moi le plaisir de me remettre le manuscrit. Si je suis mort à cette époque, je le lègue et le livre tout entier à vous, mon bon ami, et au si bon Sainte-Beuve qui fera tous les retranchements, modifications qu’il croira convenables.

          Le manuscrit a besoin d’être réduit au tiers au moins, et la première préface doit être entièrement supprimée.

          Gaspard de la Nuit est un ouvrage ébauché dans beaucoup de ses parties, j’ai bien peur de mourir tout entier.

          M. Victor Pavie exige le retranchement de toute chose qui froisserait ses sentiments religieux. Il y aurait donc quelques pièces et quelques phrases à supprimer.

          Je bats la campagne et ma cervelle s’enveloppe de vapeurs. Sais-je ce que je vous écris ? Ma tête commence à s’affaiblir.

          Je vous embrasse comme je vous aime, de tous les sentiments de mon âme pour vous, et vous savez quels ils sont ! Mes serrements de main très affectueux à l’excellent M. Sainte-Beuve.
L. BERTRAND.


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Aloysius Bertrand mourut dix jours après cette lettre


Violette W-R le 17 janvier de l'an 2016

Gaspard de la nuit 4


Lettre IV
de Aloysius Bertrand à David d'Anger


Hôpital Necker, 2 avril 1841.

Mon cher ami,

          Pour l’amour de Dieu, donnez-moi de vos nouvelles. Que je sache au moins que vous êtes en pleine voie de guérison, et qu’il n’y a pas eu de rechute. Enveloppez-vous bien de flanelle, et prenez garde au froid. – Votre silence m’inquiète et m’attriste à la fois dans la solitude où je suis.

          Je suis dans les poisons les plus violents. C’est avec de l’acide prussique qu’on me travaille maintenant ; ce matin j’ai répondu comme un hébété au médecin, lui donnant les mots les uns pour les autres. J’ai bien de la peine à vous écrire ceci, et si je n’y mettais la plus grande attention, vous pourriez bien remarquer dans ma lettre plus d’une absence d’esprit. L’opium, la belladone, la jusquiame m’offusquent singulièrement le cerveau.

          Je suis dans un moment de calme, mais il n’y a pas un quart d’heure que j’ai failli me trouver mal. Le vinaigre est venu heureusement à mon secours. C’est bientôt l’heure où les envies de vomir, produites par une tisane (émétisée) dite orangée, vont commencer à me soulever l’estomac terriblement et sans résultat, ce qui durera jusqu’à huit heures. Alors le supplice de la nuit. Une potion infernale qui me casse bras et jambes. Je l’ai étrennée la nuit dernière, et elle m’a ôtée la moitié de mes forces. Le médecin veut sans doute m’affaiblir, me trouvant trop fort, pour que les syncopes amènent plus facilement une vomique.

          Mes yeux se troublent et se remplissent d’éclairs. C’est assez, c’est trop.
L. BERTRAND.
          Qu’est-ce que je vous ai dit dans ma dernière lettre ? Je l’ai complètement oublié. Vos oranges étaient excellentes. Ma mère vous a-t-elle convenablement remercié de ma part ? Je voulais vous demander quelques livres ou une livraison ou deux de la Revue de Paris, si vous avez cela par exemple ; mais je ne sais pas comment je serai demain.


Violette W-R le 17 janvier de l'an 2015