Episodes précédents :
2 Investigations douloureuses
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N° 23
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Enigme
et nostalgie
Nelson ne put monter dans l’ambulance
alors il décida de la suivre avec sa voiture. Le front posé sur le volant il se
sentait moralement épuisé, son départ pour d’autres rivages semblait contrarié.
Comment pourrait-il accepter cette mutation avec ce dernier évènement ? Il
appela Florence et d’une voix lasse :
« Je ne viendrai pas cet après-midi, Serena a eu un malaise… » D’abord un silence lourd puis la réponse « Il ne faut pas te sentir responsable,
c’était sûr que la nouvelle la bouleverserait… ». Bien plus compliqué, il n’avait pas eu le temps de la mettre au courant. Le
feras-tu ? Etait-elle inhumaine à ce point ? Pas envie de
tergiverser davantage, il s’inquiétait trop pour Serena alors il raccrocha.
Le dépaysement vers d’autres horizons
était bien compromis après les premiers examens de Serena et les dires du
médecin : Elle est très faible, nous contrôlons à présent son rythme
cardiaque mais le pronostic est réservé, vous pouvez la voir mais sachez que la
moindre émotion forte peut être fatale. Le cardiologue était-il devin pour
lui donner un tel conseil ?
Quand il la vit sur ce chariot
d’urgence, les épaules nues, le corps truffé de pastilles blanches reliés à des
fils et caché sous un drap aussi blanc que son visage il ressentit un immense
froid dans la poitrine. Elle ouvrit les yeux et murmura avec peine : je suis fatiguée de… Chut, elle ne
devait pas parler, juste se reposer, il était là… Elle continua : tu as recommencé…. Puis ferma les yeux.
L’appareil se mit à sonner.
Après l’alerte, le médecin demanda à
Nelson, de façon un peu brusque, de rentrer chez lui, pour l’instant sa
patiente avait besoin d’un calme complet. Il n’eut pas la force de répliquer,
il nageait dans l’inconnu, que signifiait la dernière phrase de sa femme ?
Il se sentit misérable en entrant
dans la maison vide. Il avertit les
enfants puis ouvrit le réfrigérateur sans savoir ce qu’il cherchait, l’esprit
complètement ailleurs. Il s’allongea sur le canapé et, dans un semi coma,
partit dans un lointain voyage vers le
passé. La nostalgie et le remord le gagnaient.
Un soir, sortant de son bureau, il vit
Serena, c’était en 1968, en plein d’orage, elle traversait l’asphalte sous une
pluie battante. La vision de la jeune fille était comme surnaturelle sous le ciel assombri par de gros cumulus et
les lueurs orange d’un réverbère électrique tout embué. Il eut pitié de la
gracile silhouette en tailleur léger et s’approcha avec son parapluie. Cela ne
fit aucune différence car elle était déjà trempée jusqu’aux os. Elle allait
attendre l’autobus qui la ramènerait chez elle au Sablon, un quartier de Metz,
et malheureusement, l’arrêt du car n’était pas protégé et rien autour pour se
s’abriter. Il pouvait l’accompagner en voiture…. Elle hésita… Puis accepta car
elle commençait à frissonner dans ses vêtements mouillés. A part son adresse,
elle ne dit pas un mot durant le trajet. A la fin du parcours : merci infiniment monsieur. Pas
monsieur mais Nelson. Elle : et moi Serena.
Nelson sourit à cette évocation,
c’était beau mais si désuet aujourd’hui ! Quelle fille monterait dans la
voiture d’un homme en toute insouciance en 2014 ! Il oublia le présent et
fit appel à nouveau à sa mémoire…
Avec Serena il partait de découverte en
découverte. Ils avaient énormément de points communs : le goût pour
l’évasion par la musique classique, les films romantiques, la peinture et
surtout la même vision de l’existence à deux. Ils se marièrent et eurent deux enfants, un
garçon, Kevin, et une fille, Sophie. Pourquoi
avait-il fallu qu’après treize ans de vie commune il se laissât tenter par une
aventure chimérique et sans lendemain ? Et surtout pourquoi avait-t-il eu
besoin de tout raconter à Serena de peur qu’elle ne l’apprenne par la maîtresse
devenue harcelante ? Une erreur de parcours qui coûta très cher à leur
couple et que Serena ne parvenait à oublier !
Le soleil avait disparu du regard de Serena. Elle lui avait jeté
l’alliance et la bague sertie d’une améthyste à la figure, avait pris ses distances et, pendant très
longtemps, Nelson abandonna toute action de réconciliation.
Ici, à ce moment précis de la remémoration,
le portable de Nelson retentit. Ce n’était qu’un message de son opérateur… Il le
relut cependant plusieurs fois, ne comprenant pas tout de suite, puis…
N° 23
Les mots imposés sont : inconnu, nostalgie, rivages, différence,dépaysement, horizon, recommencer, mutation, ailleurs, lointain, voyage, insouciance,oublier, découverte, chimérique, aventure,soleil, distance,ici, asphalte, abandonner, améthyste.
Dame mauve le 24 février 2014
je ne connais pas le début de l' histoire mais je vois que tu es tjs championne pour placer tous les mots
RépondreSupprimerLes épisodes précédents de l'histoire sont indiqués au dessus du titre de celui-ci.
SupprimerBisous
Et nous voilà encore accrochés à ces derniers mots...
RépondreSupprimerIl faut bien laisser un peu de suspens...
SupprimerTu as le chic pour étoffer tes textes de digressions. Tu as l'intention d'en tirer un roman ? Et, une nouvelle fois, tu nous laisses sur notre faim avec le mystérieux coup de téléphone...
RépondreSupprimerMes nouvelles font toujours l'objet de passage de mes romans, pas tel quel mais approchant.
Supprimertoujours le suspens final, tu as le don du roman à épisodes
RépondreSupprimerLe suspens est le maître mot d'un feuilleton en plusieurs exemplaires.
Supprimertu sais nous tenir en haleine
RépondreSupprimerA la prochaine alors
et oui, à la prochaine même si je ne sais pas vraiment quoi... cela viendra avec les mots imposés.
SupprimerTu maîtrises bien le cliffhanger et tu sais faire durer... Une suite dans la droite ligne des précédents épisodes ... ;)
RépondreSupprimerLe suspens est indispensable pour une telle histoire mais je ne sais absolument pas où cela va me mener... Attendons les prochains mots...
SupprimerPuis, puis, puis... il faudra que je vienne lire la suite !!!
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