mardi 28 janvier 2014

Equipée inattendue 5 et fin


Jalousie

          Après ces ébats fougueux, Louise encore tout étourdie se demanda ce qu’elle faisait si loin de chez elle. Ses idées et questions vagabondaient dans un brouillard complet, elle évitait cependant que cela soit visible sur son visage. Le fantôme de la culpabilité commençait à la hanter. Allait-elle dire la vérité à son mari ou traverserait-elle l’orage sans un mot ?


           Romero, alias Araucano lui demanda soudain : Pourquoi as-tu fait les yeux doux au réceptionniste ? Etait-il tombé sur la tête ? Il lui lançait des « je t’aime » à n’en plus finir et voilà que brillait la jalousie ! A la lumière d’une proche scène, un voile apparut immédiatement sur la relation. Elle avait sourit  en toute innocence à l’homme qui lui donnait la clé de la chambre. Il n’y avait pas de quoi en faire toute une  histoire ! Qu’il ne lui prenne plus la fantaisie de lui faire une telle remarque  pour une insignifiante attitude simplement polie !

          En fin d’après-midi  Romero eut soudain ses vapeurs et devint nerveux. Que se passait-il encore ? Il devait rentrer chez lui pour dix huit heures au plus tard, comme tous les soirs quand il quittait son bureau sinon sa femme se douterait de quelque chose. Louise eut un petit pincement au cœur mais après-tout, il fut honnête à ce sujet, elle connaissait cette exigence depuis le début. Elle irait dîner dans un restaurant du coin. Seule ? Cette question l’agaça. Il n’était pas concerné, après son départ elle avait quartier libre ! Il  la quitta très peu rassuré. L’invisible confiance du latino n’augurait rien de bon. S’il continuait à nager ainsi en eaux troubles, cela n’allait pas le faire….

          Les restaurants français étaient introuvables à proximité de l’hôtel alors elle jeta son dévolu sur un snack belge où elle eut un steak frites, des crudités, un dessert et un verre de vin pour sept dollars canadiens soit moins de cinq euros. Ce ne fut pas la ruine et de plus très bon.

          En regagnant sa chambre, elle téléphona  à son époux pour lui dire qu’elle était arrivée à bon port et qu’elle trouvait le pays agréable. En colère, il lui reprochait son départ. Pourquoi n’avait-il pas fait le moindre geste pour la retenir ?   Il répondit d’une voix triste : « Je ne pensais pas que tu partirais ».  Elle vit son visage diaphane dans le miroir de la salle de bains et pensa : une folie qui risque de me coûter cher. Cette nuit là elle fit des cauchemars.

          Romero arriva le lendemain avec des muffins croyant la trouver au saut du lit mais Louise était prête pour la visite de Montréal. Ils prirent néanmoins le petit déjeuner ensemble. Un dernier regard dans la psyché de la chambre et les voici parti bras dessus-dessous pour le complexe Desjardins dans la rue Sainte-Catherine. Romero dissimulait mal son désappointement, il pensait certainement rester dans la chambre toute la journée. Mauvaise politique, Louise avait envie de s’en mettre plein les yeux et de faire des photos de ce pays qu’elle aimait beaucoup. Au déjeuner elle découvrit la « Poutine », un grand carton de frites avec un fromage indéfinissable et une sauce tout aussi inconnue au goût. Ce n’était pas mauvais mais bourratif, surtout avec un café au lait ou un chocolat !

          Puis ils marchèrent jusqu’au quartier latin, longèrent les rives du fleuve Saint-Laurent et là Louise eut un moment de fatigue, certainement dû au décalage horaire, si bien qu’ils firent le chemin de retour en bus. Le soir, pas envie de bouger, alors elle commanda une pizza et regarda la télé.

          La semaine passa très vite, en visite de musées, du quartier chinois et pour finir à l’oratoire Saint-Joseph. Le calme et la sérénité de l’endroit invitaient à la réflexion. Louise se retrouva en pleine nudité morale, incapable de supprimer ce sentiment de gêne depuis qu’elle était entrée dans ce lieu saint, comme si un prisme de cristal l’hypnotisait et l’empêchait de bouger. Romero plongea son regard lagon dans le sien et  remarqua son émotion.

          Cette dernière journée le rendait triste. Dans quelques heures elle reprendrait l’avion du retour. Cette fois ils étaient désemparés tous les deux. Sentaient-ils qu’elle ne reviendrait pas ?

          L’anxiété gagnait Louise à l’approche de chez elle. Dans le taxi elle tremblait. Qu’allait-elle trouver à l’arrivée ? Son mari était là et ne fit pas dans la dentelle ! Il lui reprocha violemment ce départ. Il pensa sans lui dire : Qu’elle écrive sur Internet ou sur son blog est une chose mais partir à sept mille kilomètres, quelle ineptie ! Soudain son visage dur s’adoucit et rassuré,  il dit à Louise : Je pensais que tu m’avais quitté….Content que tu sois revenue…


FIN

Dame mauve le 28 janvier 2014

Les plumes 21
Règlement du jeu d'écriture en cliquant sur l'image

Les mots imposés :
Invisible - introuvable - fantôme - innocence - voile - brouillard - psyché - honnête - insignifiante - dessous - eau/x - politique - diaphane - cristal - blog - nudité - visible - lumière - lagon - briller - vérité - fantaisie - traverser - dentelle - vagabonder - vapeur - vin.


13 commentaires:

  1. Tabernacle de tabernacle.....Grâce à toi, je sais à présent où aller le jour ou nous irons Catherine et moi à Montréal.

    Gros bisous à vous deux.

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    1. Si l'histoire est fictive, les lieux existent et sont bien réels.
      Bisous vous deux
      Violette

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  2. J ai reconnu des lieux moi meme visites de bons souvenirs

    ne tres belle histoire que cette echapee avec cette remise en question
    bisous missnefer

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  3. Elle est rentrée... Seras t elle heureuse de ce choix?...

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  4. Et voilà, la petite escapade est terminée et son mari lui pardonne tout. Comme dit Asphodèle, tout est bien qui finit bien.

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  5. Dis donc, tu avais faim lorsque tu as écrit ce texte ? Steak frites, muffins, pizza.... :P

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  6. Il faudrait que je prenne le temps de tout lire Violette..................

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  7. Voilà une jolie petite parenthèse, une petite escapade bien agréable à lire et certainement à faire...

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  8. Retour au bercail donc après une escapade .....Pas sûr que la réconciliation soit au rendez vous mais sait on jamais ;-)

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  9. belle parenthèse dans la vie de Louise, tout de même
    enfin si tout s'arrange comme ça tant mieux

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  10. Pas si facile de changer de vie même si Montréal est une ville très agréable .. est ce le côté culinaire qui la ramène en

    France ?

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  11. un retour sans doute attendu.............

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