Je continue avec Paul Géraldy
VI du fascilule "Toi et moi"
Ames, Modes, etc.
Tu ne serais pas une femme
si tu ne savais pas si bien
te faire et te refaire une âme,
une âme neuve avec un rien.
A ce jeu ta science est telle
que, chaque fois que je te vois,
tu fais semblant d'être nouvelle,
et j'y suis pris toutes les fois.
Tu sais qu'à la fin tout s'use,
que notre amour est déjà vieux,
alors tu triches, tu ruses,
tu viens avec d'autres yeux,
tu rajeunis sous des fourrures
l'éclat trop prévu de ta peau,
tu renais d'un satin, revis d'une guipure...
Et puis il y a tes chapeaux!
Je crois découvrir en toi quelque chose
de plus grave, de plus profond.
Et c'est tout simplement à cause
d'un de ces grands chapeaux qui font
les yeux plus noirs, les joues plus roses,
et qui cachent si bien les fronts!
Ainsi tu sais femme, mille fois femme
dès que tu sens mon amour las,
te composer un parfum d'âme
que je ne connaissais pas.
Alors amoureux je saccage
tes lèvres de baisers nerveux.
Je prends dans mes mains ton visage,
et je rebrousse te cheveux.
Je ris, je suis heureux, je t'aime...
Mais quand j'ai défait les chiffons
et trouvé tes vrais yeux au fond,
je vois bien que ce sont les mêmes!
Lorsqu'enfin je tiens dans mes doigts
sous tes cheveux ta tête nue,
tristement déçu, je revois
un front de la dernière fois :
C'est toujours toi qui continues...
Je tâche en vain sous mes baisers
de ranimer l'âme éphémère.
C'est fini, le charme est brisé.
Et tu ressembles à ta mère.
(Paul Géraldy)
Dame mauve le 6 mars de l'an 2014
Ho mon Dieu que c'est triste d'entendre ça : "tu ressembles à ta mère", je crois que pour une femme ce doit être la pire insulte qu'on lui fasse ! Un poète ce Géraldy ! lol !
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